Jean-Christophe, l’epistemologiste (*)
"Le monde d’Ulysse" est une relecture de "l’Iliade et l’Odyssee" proposee des 1969 par l’historien Moses Finley.
Ce matin encore - juste avant de prendre le metro - j'ignorais tout de son existence.
Mais revenons plus tot, quelques jours en arrière.
La journee s’annoncait magnifique.
La douceur de l’automne indien n’etait pas sans rappeler l’effet particulier qui surgit parfois dans les Pyrenees à la meme epoque.
Le Foehn : sorte de trouee dans le ciel, qui dessine un horizon bleu, d’une luminosite inegalee et qui s’accompagne d’un vent doux et chaud.
La promenade du parc fut regeneratrice.
D’abord il y eut l’adossement au Cedre du Liban, venerable centenaire.
Quel tronc ! lui ne souffre pas de dos endolori.
Les enfants grimpant ou chutant sur ses branches tentaient parfois de se confronter à l’immesurable.
Il en résultait une petite taille, perchee fierement sur ses jambes, levant les yeux haut vers le ciel sans parvenir a distinguer le sommet du colosse.
Puis vint la pause du lac, les yeux scrutant la surface a la recherche de tortues.
Mais les feuilles mortes, flottant en des coloris rouge, jaune, pale, se souleverent alternativement sans reveler la carapace en dessous.
Au centre de l’etendue d’eau, un corbeau frottant et rinçant son plumage détonnait au milieu des mouettes.
Enfin, au sortir de cette reserve de senteurs et de vie, je m’approchai de l’Homme du Pont Montsouris.
Comme a son habitude, il lisait.
L’extrayant de sa reflexion d’un simple bonjour, il m’offrit un fauteuil pour donner libre court a mon questionnement.
Tout en m’expliquant le fil de ses lectures, ses yeux hagards petillaient de la meme curiosite a mon egard.
Tres vite, guide par un vouvoiement respectueux mais pas denue d’affection, nous parlames en silence. Plus exactement lorsque le silence s’installait en echo du crissement des trains provoque par quelques rails agressives.
L’individu fut au centre du débat : sa surdite et sa capacite d’aveuglement dans la societe, qui le conduit a passer devant les choses, a croiser ses congeneres sans regarder, observer, ecouter.
- "Bonjour, je vous ai apporté un gateau au chocolat et une bouteille d’eau. Vous aimez ?"
Le rapide CDG - Saint-Remy-les-Chevreuses secoua le pont en guise de reponse.
Le jeune homme qui se tenait devant nous un sac vert à la main, souriait, nous renvoyant l’essence meme de notre conversation.
Ne jugeons pas, ne concluons pas, ne nommons pas.
Les mots sont devastateurs. Leur pouvoir de conditionnement impressionnant.
Des que nous nommons un sentiment, une situation, un objet, nous cataloguons et mettons tout un chacun dans le meme panier.
Ainsi, nous evitons toute investigation, toute curiosite, toute possibilite de neuf.
Jusqu’ici, passant chaque jour devant le pont du Montsouris, en lieu et place de Jean-Christophe (JC), je n’apercevais qu’un clochard.
Si nous ne nommons pas, nous sommes alors obliges de regarder, d’explorer, d’ecouter, de considerer non pas la masse (qui s’abrite sous le mot) mais l’objet lui-meme, qui devient du coup, l’objet de notre attention.
Essayez, vous verrez.
JC, se redressant doucement sur son matelat de feuilles et de vieux coussins, pris le sac vert. Et les sourires echanges le furent pour l’eternite.
L'adolescent disparut.
Je m’enfoncais un peu plus dans ce siege transporte par la joie d’avoir vecu une Rencontre.
La conversation repris de plus belle.
L’epistemologie, science ou JC avait travaille,
L’histoire qui le passionnait,
la realite a laquelle il se confrontait : lutte quotidienne pour rester propre, valide, manger,
Le "confort" d’avoir en guise d’oreiller le plus beau parc de Paris..
Devant mon amour pour la nature, il me compta deux autres parcs a ne pas manquer.
Le monde d’Ulysse d’après JC !
Ce matin, loin de la Grece Antique, JC m’expliqua son enthousiasme pour le livre de Moses I. Finley.
"A cette epoque la violence ne choquait personne et les Dieux n’hésitaient pas non plus a pratiquer le vol, l’adultere, le mensonge".
Il m’expliqua aussi que s’il ne trouvait pas un balai, la police le harcelerait afin qu’il libere le trottoir pour le passage de la voierie.
En cette journée un peu spéciale, balayons nous aussi dès a present devant notre porte, en attendant de l'offrir a JC.
(*) : "Partie de la philosophie qui a pour objet l'étude critique des postulats, conclusions et méthodes d'une science particuliere, consideree du point de vue de son evolution, afin d'en determiner l'origine logique, la valeur et la portee scientifique et philosophique"
"Le monde d’Ulysse" est une relecture de "l’Iliade et l’Odyssee" proposee des 1969 par l’historien Moses Finley.
Ce matin encore - juste avant de prendre le metro - j'ignorais tout de son existence.
Mais revenons plus tot, quelques jours en arrière.
La journee s’annoncait magnifique.
La douceur de l’automne indien n’etait pas sans rappeler l’effet particulier qui surgit parfois dans les Pyrenees à la meme epoque.
Le Foehn : sorte de trouee dans le ciel, qui dessine un horizon bleu, d’une luminosite inegalee et qui s’accompagne d’un vent doux et chaud.
La promenade du parc fut regeneratrice.
D’abord il y eut l’adossement au Cedre du Liban, venerable centenaire.
Quel tronc ! lui ne souffre pas de dos endolori.
Les enfants grimpant ou chutant sur ses branches tentaient parfois de se confronter à l’immesurable.
Il en résultait une petite taille, perchee fierement sur ses jambes, levant les yeux haut vers le ciel sans parvenir a distinguer le sommet du colosse.
Puis vint la pause du lac, les yeux scrutant la surface a la recherche de tortues.
Mais les feuilles mortes, flottant en des coloris rouge, jaune, pale, se souleverent alternativement sans reveler la carapace en dessous.
Au centre de l’etendue d’eau, un corbeau frottant et rinçant son plumage détonnait au milieu des mouettes.
Enfin, au sortir de cette reserve de senteurs et de vie, je m’approchai de l’Homme du Pont Montsouris.
Comme a son habitude, il lisait.
L’extrayant de sa reflexion d’un simple bonjour, il m’offrit un fauteuil pour donner libre court a mon questionnement.
Tout en m’expliquant le fil de ses lectures, ses yeux hagards petillaient de la meme curiosite a mon egard.
Tres vite, guide par un vouvoiement respectueux mais pas denue d’affection, nous parlames en silence. Plus exactement lorsque le silence s’installait en echo du crissement des trains provoque par quelques rails agressives.
L’individu fut au centre du débat : sa surdite et sa capacite d’aveuglement dans la societe, qui le conduit a passer devant les choses, a croiser ses congeneres sans regarder, observer, ecouter.
- "Bonjour, je vous ai apporté un gateau au chocolat et une bouteille d’eau. Vous aimez ?"
Le rapide CDG - Saint-Remy-les-Chevreuses secoua le pont en guise de reponse.
Le jeune homme qui se tenait devant nous un sac vert à la main, souriait, nous renvoyant l’essence meme de notre conversation.
Ne jugeons pas, ne concluons pas, ne nommons pas.
Les mots sont devastateurs. Leur pouvoir de conditionnement impressionnant.
Des que nous nommons un sentiment, une situation, un objet, nous cataloguons et mettons tout un chacun dans le meme panier.
Ainsi, nous evitons toute investigation, toute curiosite, toute possibilite de neuf.
Jusqu’ici, passant chaque jour devant le pont du Montsouris, en lieu et place de Jean-Christophe (JC), je n’apercevais qu’un clochard.
Si nous ne nommons pas, nous sommes alors obliges de regarder, d’explorer, d’ecouter, de considerer non pas la masse (qui s’abrite sous le mot) mais l’objet lui-meme, qui devient du coup, l’objet de notre attention.
Essayez, vous verrez.
JC, se redressant doucement sur son matelat de feuilles et de vieux coussins, pris le sac vert. Et les sourires echanges le furent pour l’eternite.
L'adolescent disparut.
Je m’enfoncais un peu plus dans ce siege transporte par la joie d’avoir vecu une Rencontre.
La conversation repris de plus belle.
L’epistemologie, science ou JC avait travaille,
L’histoire qui le passionnait,
la realite a laquelle il se confrontait : lutte quotidienne pour rester propre, valide, manger,
Le "confort" d’avoir en guise d’oreiller le plus beau parc de Paris..
Devant mon amour pour la nature, il me compta deux autres parcs a ne pas manquer.
Le monde d’Ulysse d’après JC !
Ce matin, loin de la Grece Antique, JC m’expliqua son enthousiasme pour le livre de Moses I. Finley.
"A cette epoque la violence ne choquait personne et les Dieux n’hésitaient pas non plus a pratiquer le vol, l’adultere, le mensonge".
Il m’expliqua aussi que s’il ne trouvait pas un balai, la police le harcelerait afin qu’il libere le trottoir pour le passage de la voierie.
En cette journée un peu spéciale, balayons nous aussi dès a present devant notre porte, en attendant de l'offrir a JC.
(*) : "Partie de la philosophie qui a pour objet l'étude critique des postulats, conclusions et méthodes d'une science particuliere, consideree du point de vue de son evolution, afin d'en determiner l'origine logique, la valeur et la portee scientifique et philosophique"
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