Le soleil brillait deja tot ce matin.
Apres une nuit pluvieuse, entonnee des 5 heure par le recital de moineaux rieurs, le printemps etait revenu.

Quand vous vous promeniez le long du bois, vous respiriez intensement l’odeur de la chaleur qui s’evapore du sol humide, couvert d’herbe grasse au pied de pins magnifiques.

A l’ombre d’un triptyque de chenes, completement immobile au bord du lac, le spectacle etait ahurissant. Deux canards amerrissaient dessinant des frises a la surface de l’eau, tandis qu’un joggeur surgissait pour etre instantanement happe par la profondeur du bois.

En levant la tete en direction des arbres, le bruit du ruisseau tout pres, se refletait en un scintillement dore sur les larges feuilles vertes des chenes.

Dans la meme seconde deux autres canards se coursaient effleurant a peine la surface de l’eau, un pecheur ramenait le plus delicatement du monde sa ligne pour ne pas blesser le poisson prisonnier de sa gourmandise, observe par des corbeaux bien conscients de leur territoire. A peine dans l’epuisette la prise etait relachee et la vie qui n’avait cesse de s’ecouler tout autour s’amplifiait de sens. Les joggeurs se succedaient, les jeux d’eau des animaux dessinaient une nouvelle histoire, le silence faisait echo a la melodie de la nature.

Tout ce qui venaient d’etre percu de facon instantanee et profonde n’etait pas relegue au passe, mais disparaissait au profit d’un decor en mouvement perpetuel.

Plus loin, velo-circulant, vous étiez happes par la profondeur de la verdure environnante, guidé sur un chemin de terre par un recital invisible mais sonore. Le son etait si pur que vous vous arretiez à nouveau et faisiez corps avec la nature. Perche sur une haute branche le sifflement au son de cristal prenait forme et l’oiseau se laissait regarder de bon cœur. Jusque, dans un moment bien humain vous choisissiez de filmer la scene. Devenant observateur a la seconde meme de l’intrusion de la pensee, vous vous dissociez du tout que vous formiez. Et le merle ni noir, ni jaune, qui lui savait instinctivement que vous faisiez parti de lui, des arbres, du lac, de la lumiere et de la terre, senti aussi la division. Mais vous croyant plus rusé que l’intelligence, la camera ne captura qu’un champ vide, deserte de la beaute que vous ressentiez tant que vous ne cherchiez a la depeindre.

C’est cela s’observer.

Etait-ce cela d’observer sans observateur ?

Commentaires

  1. Oui, il est probable... et c'est sans doute la même chose, lorsqu'en lisant tes vers, nous sommes transportés avec toi dans la clairière, dans cette nature que tu dépeins si bien.
    L'attention ne nous mène t-elle pas là où l'instant est, et non là où l'on devrait être? Ensuite, faut-il continuer à être l'attention, sinon la réalité disparait?

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